Le marché repart doucement
À la fin de ce premier trimestre 2024, le marché immobilier est encore loin de l'euphorie, mais une éclaircie semble se déssiner. "On passe du rouge à l'orange" estime ainsi Charles Marinakis, le patron de Century21 France.
Dans ses agences immobilières, les acheteurs potentiels sont de retour : visites de biens et fréquentations du site internet sont en hausse de 10 à 20% depuis janvier.
Côté prix, sur un an (du 1er trimestre 2023 au 1er trismestre 2024), les agences Century 21 enregistrent au niveau national une baisse de 3.3% pour les maisons (à 2 459€ le m² en moyenne) et de 3.3% pour les appartements (2 459€ le m²). C'est à Paris que les prix semblent le plus marquer le pas : après des années de surchauffe et d'augmentation artificielle, le prix moyen du m² est de 9 098€, en recul de 9% sur un an.
Et ce n'est qu'un début, le patron du réseau Century 21 pariant sur un prix moyen sous les 9000€ d'ici la fin de l'année. En région Pays de la Loire affichent une concentration des prix de plus de 12%.
Malgré tout la reprise reste fragile, le nombre de transactions est en recul de 11.2% sur un an et les délais de vente s'allongent de 9 jours en moyenne, dépassant désormais les 100 jours, un record historique.
"il faudrait que les propriétaires continuent d'accepter une diminution des prix pour que l'activité reparte réellement" estime Charles Marinakis
Selon vous, les ventes vont-elles repartir d'ici la fin de l'année ?
Elles seront sans doute en baisse de 5 à 8%. Nous sommes dans une année de rééquilibrage : terminé les prix gonflés artificiellement, retour à une inflation plus maîtrisée, idem pour les taux. Mais nous serons vigilants à ce que la diminution des taux des crédits immobiliers n'entraînent pas une nouvelle poussée de fièbre des prix. Car les taux très bas n'ont jamais profité aux acquéreurs mais ont au contraire contribué à faire grimper les prix.
La politique du logement est-elle à nouveau sur les rails avec le nouveau ministre, Guillaume Kasbarian ?
Sa prise de conscience de la crise immobilière est réelle, il est à l'origine de la loi anti-squat qui était nécessaire. Mlagré tout, on voit bien qu'il essaie de coller des sparadraps sur une jambe de bois. Cela fait 25 ans que les gouvernements successifs négligent le logement, parce que jusqu'ici tout se passait super bien. pas de grand ministère, pas de politique globale.
On parle de taxer les multipropriétaires fonciers pour faire entrer de l'argent dans les caisses de l'Etat, ça vous inquiète ?
Oui, car cela risque de faire fuir les bailleurs privés qui, contrairement à ce que certains imaginent, ne roulent pas sur l'or. Entre l'encadrement des loyers, l'impossibilité de les indexer, les contraintes de mise en conformité, les charges énergétiques...certains vont se dire qu'il vaux mieux investir des actions, que c'est moins de contrainte et de problèmes.
Témoignage de Charles Marinakis, président de Century 21 France